Bar : Tensions sur la ligne.
Article publié par le Télégramme du 28 Septembre 2010.
Mer d'Iroise. Bagarre autour du bar [Réagissez!]
28 septembre 2010 - 29 réactions
Professionnels et plaisanciers se disputent les mêmes zones de pêche au bar en mer d'Iroise. L'afflux des pneumatiques de plaisance, au départ de Lanildut, fait monter la pression.
Au centre de toutes les convoitises, le très recherché bar de ligne, peuplant des spots parfaitement identifiés autour de Molène et Ouessant. Sur internet, des films et des photos de prises exceptionnelles renforcent une publicité dont se passeraient bien les professionnels du secteur...
Tensions sur l'eau
Pris d'assaut par les remorques chargées de leur pneumatique, le petit port de Lanildut trône au coeur du phénomène. Ces pêcheurs plaisanciers, des mieux équipés, surmotorisés, viennent des quatre coins du département. Ils sont parfois immatriculés dans le Morbihan ou dans les Côtes-d'Armor. S'en suit une spectaculaire fréquentation sur les meilleurs spots de pêche, autour de Keller à Ouessant, notamment. Alors, aux heures de pointe, ça gueule, ça frotte, les lignes se croisent et parfois s'emmêlent. Dans la précipitation et l'énervement, les hameçons se plantent parfois au mauvais endroit... Mais il n'y a pas que les lignes à s'accrocher. Certains en viennent aux mains, de retour sur la cale. Des coups de poing ont même été échangés, cet été, en pleine mer. «Le week-end, il n'est pas rare de voir partir de la cale de Lanildut pas moins d'une trentaine de pneumatiques!», observent les riverains interloqués. «Parfois sans immatriculation et battant pavillon belge!».
Suspicion de braconnage
Le poisson est vidé en mer, au milieu d'un nuage de goélands, et est parfois chargé discrètement dans les véhicules qui attendent à proximité de la cale. Le nombre de prises semble parfois conséquent. Ce poisson sert-il seulement à la consommation personnelle? Fait-il l'objet d'une revente sous le manteau? Le délégué à la mer et au littoral du Finistère (affaires maritimes), Hervé Thomas, rappelle que la revente de poisson capturé dans un cadre non professionnel est interdite. «La notion de travail et d'activité commerciale dissimulés peut coûter cher aux contrevenants».
Impact sur la ressource
De leur côté, les professionnels n'hésitent pas à brandir les dernières estimations scientifiques qui font état d'une moitié de la pêche au bar réalisée par les pêcheurs dits de loisirs. «Nous sommes tout à fait conscients de la pression de la pêche de plaisance dans le parc marin», observe Jean-Pierre Carval, au nom du comité local des pêches du Nord-Finistère. «En plus de la pression sur la ressource, il est aussi question des conditions de sécurité de navigation». Affairés à pêcher le plus souvent en solo, les pros doivent redoubler de vigilance pour éviter collisions et accrochages. Du côté du parc marin, on observe ces tensions à distance. Difficile d'évaluer l'impact sur la ressource. En viendra-t-on, un jour, à restreindre le nombre de prises par jour et par pêcheur de loisir, un peu à la manière de l'ormeau pour le pêcheur à pied ou de la coquille Saint-Jacques pour l'apnéiste?
- Stéphane Jézéquel
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