Springsteen, espoir d'une amérique en crise
Springsteen, espoir d'une Amérique en crise
Par Julien Bordier (L'Express), publié le 05/03/2012 à 11:00, mis à jour le 06/03/2012 à 11:09
Le rockeur américain revient avec un 17e album en colère.
Danny Clinch/DR
A 62 ans, Bruce Springsteen balance Wrecking Ball, un 17e album coup de poing inspiré par la crise.
En plein marasme, l'Amérique des cols bleus peut toujours compter sur son working-class hero. Bruce Springsteen revient, et il est en colère. Avec Wrecking Ball (Boulet de démolition), le Boss dresse un portrait sans concession d'un pays ravagé par la crise économique et tire sur les apprentis sorciers de la finance. "Des gens ont perdu leur maison et une grande partie de leurs économies, et personne n'est allé en prison", dénonçait-il devant la presse européenne, rassemblée en février dernier à Paris pour écouter la bonne parole du saint patron des travailleurs. Nourri aux raisins de la colère et aux protest songs de Woody Guthrie, ce 17e album studio s'inscrit dans la lignée de Darkness on the Edge of Town, de Nebraska ou de Born in the USA. "Mon travail consiste à mesurer la distance qui sépare la réalité du rêve américain", estime la rock star. En 2012, la plaie semble béante. Dans l'hymne d'ouverture, "We Take Care of Our Own", Bruce Springsteen pose la question: "Prenons-nous soin des nôtres ?" La réponse, apportée au coeur des morceaux suivants, est clairement négative.
Dans "Jack of All Trades", un ouvrier constate avec dépit: "Le banquier grossit, le travailleur maigrit." Avant de céder à la révolte: "Si j'avais un flingue, j'irais buter ces salauds." Dans "Easy Money", un homme et sa compagne s'apprêtent à commettre un cambriolage. "Leur façon à eux d'imiter les gars de Wall Street", commente le chanteur. Le ton de Wrecking Ball est comme sa musique: martiale et sombre. Cette country-folk musclée, tendant parfois vers le gospel et le hip-hop, s'apprécie plus dans un stade que dans un salon mais on tient enfin la bande-son d'Occupy Wall Street. "Ce mouvement a mis la question des inégalités économiques en Amérique au centre des conversations. Même Newt Gingrich parle aujourd'hui d'un "capitalisme de vautour" !" Questionné sur le prochain scrutin présidentiel, Bruce Springsteen annonce qu'il ne participera pas à la campagne démocrate, contrairement à ce qu'il avait fait en 2004 et en 2008. "Je m'étais impliqué par accident, en quelque sorte, a-t-il justifié. Les années Bush étaient si horribles qu'on ne pouvait pas rester assis à ne rien faire." Calé en fin d'album, "Land of Hope and Dreams", enregistré avec le légendaire saxophoniste du E Street Band, Clarence Clemons, décédé l'an dernier, apporte une note d'espoir et d'optimisme. La nation a connu d'autres revers et elle a su se relever, affirme le Boss. Après la démolition, place à la reconstruction.
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